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Une entrée fracassante dans le gotha des meilleurs joueurs de Barcelone

Une entrée fracassante dans le gotha des meilleurs joueurs de Barcelone Les Frères Dechamps (Hargnies) Viennent d’y inscrire leur nom en lettres d’or!

Jean Philippe Delmarle

Barcelone

La simple évocation de ce mot est synonyme de magie dans le domaine de la colombophilie. C’est l’étape reine du calendrier où tout amateur des longues distances rêve de s’y distinguer un jour. Cette longue et belle histoire s’est construite au fil des ans avec les exploits accomplis par des pigeons hors du commun, mais également des amateurs du même acabit qui ont inscrit en lettres d’or leur nom dans le grand livre de la colombophilie internationale.

L’impossible exploit, celui qui ne sera jamais égalé, est l’apanage d’un amateur d’Ottignies, dans le Brabant Wallon. Lors des éditions de 1962 et 1963, il remporte la palme internationale du concours avec le même voilier. Adelin Desmarets et son «Pâle» entrèrent ainsi dans la légende.

En 1987, c’est Chrétien Vanoppen qui remporta ce qui est encore considéré à l’heure actuelle comme l’édition la plus difficile et où un seul voilier, le vainqueur, parvint à franchir le cap fatidique des huit cents mètres de vol à la minute. Si on s’en tient au lauréat de cette édition et si ce souvenir est bien tenace, c’est aussi et surtout en fonction de l’extraordinaire qualité reproductive de l’un de ses frères né l’année suivant celle du sacre en terres catalanes. Le «Blauwe Vanoppen» a ainsi permis le formidable essor de la colonie Wijnands et le sang de ce géniteur d’exception coule encore dans les veines de nombreuses vedettes de notre époque, adeptes de la grande distance. Barcelone c’est aussi l’inévitable association avec le nom d’André Vanbruaene qui a remporté l’étape à deux reprises et dont l’origine est mondialement connue. Régulièrement, comme ce fut encore le cas avec Luc Wiels, des pigeons de souche Vanbruaene viennent se classer tout en haut du résultat de l’épreuve et ce particulièrement lorsque les conditions de vol sont exigeantes.

Comment également oublier le «048» de Robert Ben qui y remporta le podium complet sur le classement français et qui propulsa son propriétaire sur le devant de la scène?

Et c’est dans ce même contexte qu’il convient de ranger l’incroyable, l’improbable, le fantastique exploit réalisé en cette année 2017 par les frères Dechamps. Et ce n’est pas ici un sujet particulier du colombier qu’il convient de mettre à l’honneur mais bien l’ensemble de l’équipe des voyageurs s’étant distinguée sur l’étape reine du calendrier. Ce que les Dechamps viennent d’accomplir est prodigieux, c’est la plus belle prestation d’ensemble jamais réalisée sur Barcelone. Et ceci en y incluant bien entendu le contexte dans lequel s’est déroulée cette étape hors normes.

Probablement bloqués par une perturbation beaucoup trop active pour que les pigeons puissent la traverser et un lâcher beaucoup trop tardif, les oiseaux ont en effet été contraints de se débrouiller pour s’extraire du véritable piège qui leur avait ainsi été tendu. Les premiers pigeons ne sont finalement tombés que vers midi le samedi et le soir entre 3 et 4 % du contingent était de retour au bercail. En certains colombiers, les places vides étaient légion, d’autres même, et non des moindres, n’avaient encore vu la moindre plume.

Et à Hargnies? Un véritable festival!

Dix-sept des vingt-cinq engagés cajolaient leur femelle le soir du second jour de vol. Près de 70 % des engagés étaient au poste alors que la désolation habitait maints esprits. Il ne faut pas avoir peur des mots et avoir l’honnêteté de reconnaître cet exploit et le qualifier à sa juste valeur. Les Dechamps viennent d’inscrire leur nom en lettres d’or au palmarès de cette prodigieuse étape et peuvent, sans rougir, placer cet exploit dans la galerie des hauts faits d’armes de la plus terrible épreuve du calendrier colombophile.

Une ascension fulgurante

Anthony a toujours été attiré par les pigeons. Dès son plus jeune âge, il emmenait son frère, Mickaël, de trois ans son aîné, à l’arrière de la ferme des grands-parents où traînaient en permanence des pigeons égarés. Des colombophiles du coin eurent tôt fait de repérer le manège. C’est ainsi que J.P. et Lulu Dubreucq les aidèrent à s’y construire un petit colombier fait de bric et de broc. Un bon vitessier, J. Mortaigne, offrit aux frangins les premiers oiseaux afin de débuter. Ils jouèrent ainsi durant deux ans à Hargnies et ce avant de convaincre leurs parents de les autoriser à bâtir un colombier au domicile familial de Maubeuge. Vitesse et demi-fond étaient alors les concours visés et ce jusqu’au début des années 2000, date à laquelle Mickaël se mit en ménage, retournant ainsi habiter Hargnies à un jet de pierre de la ferme des grands-parents. Anthony continua à jouer seul et allongea un peu la distance, prenant de la sorte un premier contact avec Eric Vitel qui devint pour lui un modèle, presqu’un frère comme il se plaît à le souligner.

En 2009, c’est au tour d’Anthony de venir s’installer à Hargnies et ce afin de rejoindre le gros du clan Dechamps qui s’y trouvait déjà. L’esprit de famille n’est pas un vain mot ici et il ne faut jamais aller bien loin pour se retrouver ensemble de cette manière. Sa demeure, il la fera construire sur un terrain jouxtant la ferme des grands-parents, un retour aux sources en quelque sorte. Tout naturellement, les frangins décidèrent de reprendre la compétition ensemble avec un seul objectif: faire de Barcelone le concours de prédilection.

C’est d’abord chez Eric Vitel que les premières acquisitions seront faites et s’ajouteront ainsi à celles déjà entreprises par Anthony auparavant. Mickaël et Anthony vont alors étudier les résultats des concours internationaux et seront attirés par deux noms se détachant à leurs yeux de leurs recherches: Toon Janssen et Chris Musters. Huit pigeons furent achetés chez le premier nommé ainsi qu’une femelle lors d’une vente de Chris et Jaap van der Velden se déroulant à Lessines. Deux ans plus tard, dix-huit pigeons furent acquis chez Musters. Tout ce petit monde fut mélangé, tantôt croisé ou alors travaillé en consanguinité. Les pigeons de base se dégagèrent bien vite du lot et on peut ainsi citer: - Le «14 Carats» de chez Eric Vitel. - Le «Petit Andrès», petit-fils du «Wim» de chez Vitel. - La femelle acquise à la vente van der Velden.

Au voyage, deux pigeons sortirent d’emblée du lot, le «Survivant» et le «Mathis». «Mathis», un produit 75 % Janssen et 25 % Vitel, devint le 4e meilleur pigeon européen sur Perpignan sur les classements additionnés de trois années et le 7e européen sur Barcelone sur quatre années.

Le «Survivant», fils du «14 Carats» et d’une fille du «Petit Andrès» X la van der Velden sera le 1er as-pigeon européen sur 4 années sur Barcelone. Mieux encore, il est déjà le père du 38e international Barcelone 2017. Deux demi-frères au «Survivant» sont 39e et 115e international de Barcelone en cette même année 2017.

La ligne de départ fut aussi modifiée en fonction des résultats obtenus et des aptitudes se dégageant des pigeons participant à l’étape catalane. C’est ainsi qu’il fut décidé d’envoyer les yearlings à Narbonne et ce tout en sachant qu’ils sont juste entraînés par les soins de l’amateur l’année de la naissance. Très vite se dégagea la conclusion que les meilleurs sur Narbonne étaient ceux performant par la suite sur Barcelone. Le train ainsi sur les rails, une réelle politique d’élevage s’étant dégagée ainsi qu’une conduite en concours, les frères Dechamps se mirent en route vers leur objectif ultime.

Deux étapes viennent particulièrement mettre en lumière la solidité des voiliers ainsi construits par les frères Dechamps. Le concours de Barcelone en 2013, année ardue pour les voiliers et sur Barcelone en particulier. Une première entrée dans le top 100 international de l’épreuve était alors enregistrée et très vite confirmée par deux tops 100, toujours au niveau international, sur l’étape de Perpignan. L’autre indice est plus proche et nous vient de Narbonne pour les yearlings l’an dernier et le véritable festival de la jeune garde. Avec 11 pigeons entrant dans le top 100 national français, dont deux répétant l’exploit au niveau international. Des pigeons très doués lorsque les conditions sont particulièrement compliquées, se comportant bien en cas de mauvais temps ou de vent favorable, tout était en place et bien en place même chez les Dechamps.

Une année 2017 extraordinaire mais également pénible

Des difficultés familiales avaient pointé le bout de leur nez durant l’hiver 2016/17 et les frères Dechamps avaient ainsi décidé, dès avant l’ouverture de la saison, de mettre un terme provisoire au jeu de pigeons et ce afin qu’Anthony puisse s’occuper tout à loisir de ses deux garçons. Avant de tirer leur révérence, tout serait cependant mis en oeuvre afin de faire de 2017 le feu d’artifice auquel on pouvait s’attendre au vu des précédents résultats. Ainsi, pour se concentrer uniquement sur Barcelone, les yearlings furent vendus en début de saison. La seule idée en tête était de briller avec les voiliers lors du premier week-end de juillet.

Les veufs furent accouplés la troisième semaine de février et eurent l’occasion de finir l’élevage d’un jeune par nid. Un seul entraînement personnel fut au programme, d’une portée d’une vingtaine de kilomètres. Après deux épreuves de vitesse consécutives, vinrent trois étapes de grand demi-fond successivement de 375, 520 et 545 pour terminer, une quinzaine de jours avant l’enlogement de Barcelone. Si au sortir de la saison 2016 toute l’équipe avait reçu une cure de Baytril durant cinq jours et ce afin de se débarrasser des saloperies traînant dans les paniers, plus rien ne leur fut donné avant le dernier vol d’entraînement. Les pigeons étaient tenus à l’œil lors du retour et leur attitude indiquait alors que tout allait pour le mieux. Une cure contre le trichomonas et une autre pour s’assurer que tout était en ordre au niveau des voies respiratoires furent entamées. Les oiseaux sont ainsi partis dans un état extraordinaire pour leur ultime épreuve.

Un mot au sujet de la nourriture qui a pour base le super diète de Mariman, lequel est remplacé par le sport de chez Versele lors des derniers jours avant la mise en paniers. La propreté des installations? Ce n’est pas trop l’affaire ici à Hargnies. Les pigeonniers sont orientés vers le Nord et sont très secs lorsque le soleil est suffisamment présent. Ce qui fut le cas en 2017. Cassettes et sol avaient ainsi été laissés en l’état durant plus d’un mois. La rusticité est à ce prix à Hargnies.

Les raisons du succès?

Il n’y en a pas qu’une en effet! Le formidable exploit réalisé par les Dechamps et qui ne sera probablement pas dépassé de sitôt s’explique par la coordination de plusieurs éléments se mariant à merveille pour tendre vers le succès. Tout d’abord, le choix de ne participer qu’à l’unique épreuve de Barcelone permet de se mobiliser pour ce seul objectif en épargnant la colonie du dérangement lié aux autres épreuves. C’est une seule et même poussée de forme qui est ainsi au programme et il n’est pas nécessaire que les pigeons soient au sommet de leurs capacités lors des étapes préparatoires. La cure, l’unique cure au programme, vient également jouer un rôle prépondérant, bien plus important que si les rappels sont légion. Des origines soigneusement choisies et une politique d’élevage bien réfléchie sont des atouts majeurs également. Enfin, la préparation aux plus difficiles épreuves est sans doute ce qui a permis cette prestation au plus haut niveau. Le concours de Barcelone en 2013 et l’étape de Narbonne, notamment en 2016, pour les yearlings sont autant de signes indicatifs qui laissaient entrevoir cette explosion attendue par beaucoup.

Il est dommage pour le sport colombophile que de tels champions soient contraints de quitter la scène en pleine gloire. Il aurait été curieux de voir le développement d’une telle puissance, d’une telle force de frappe. Ce n’est cependant que partie remise car les frangins Dechamps sont bien décidés à ne pas en rester là et à revenir nous prouver que le hasard n’avait vraiment pas droit de cité dans l’accomplissement d’une prestation aussi aboutie. Quatorze des «survivants» de ce terrible Barcelone à Hargnies ne sont âgés que de deux et trois ans. L’avenir nous aurait probablement fourni la plus belle razzia de tous les temps sur les classements Interparès.

Une sorte de pigeon qui s’exporte à merveille

C’est aussi à cela que l’on reconnaît la valeur d’une colonie, dans la qualité qu’elle apporte là où elle est introduite. En très peu de temps, le pigeon fabriqué par les frères Dechamps a déjà prouvé qu’il possède un sacré répondant. - 10e/11244 Marseille 2012 chez Emmanuel Michiels. - 31e/25294 Barcelone 2013 chez Emmanuel Michiels. - 38e/9620 Marseille 16 chez Emmanuel Michiels. - 79e/8050 Marseille 2017 chez André Minet. - 84e/8050 Marseille 2017 chez Jérémy Dehen. - 89e/14851 Perpignan 2017 chez José Poteaux.

Sur l’épreuve internationale de Narbonne, en 2017, on ne trouve pas moins de 6 pigeons figurant dans le top 100 national et venant de chez les frères Dechamps, joués en d’autres colombiers.

Un rappel du formidable résultat sur Barcelone 2017 National 3.099 vieux: 5, 6, 15, 23, 33, 40, 48, 71, 76, 79, 82, 111, 118, 143, 153, 158, 162, 307, 692 et 19 prix de 25 engagés. International 17.026 vieux: 30, 34, 98, 134, 179, 209, 242, 354, 382, 395, 408, 493, 512, 567, 596, 608, 617 et 19 prix de 25 engagés.

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