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L’usage de médicaments en colombophilie

L’usage de médicaments en colombophilie

et la loi vont-ils bien ensemble?

J’ai décidé d’écrire un article aujourd’hui dont le sujet va peut-être vous paraître inhabituel. Mais je pense qu’il n’en sera pas moins intéressant. Tout démarre d’une information que j’ai pu lire, comme quoi un colombophile néerlandophone s’est vu sanctionné récemment pour possession illicite de médicaments, et infligé une amende. Pour plusieurs de ses « collègues » colombophiles, ceci était complètement scandaleux, car pour eux, il n’avait rien fait de mal. Je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, mais de là m’est apparu l’idée qu’il pourrait être intéressant pour tous d’effectuer un petit rappel sur ce que nous dit la loi en ce qui concerne l’utilisation des médicaments et des vaccins en colombophilie.

En effet, que l’on décide de suivre la loi ou non, il est quoi qu’il arrive, selon mon point de vue, intéressant de savoir si on agit ou non dans le respect de celle-ci, et si par la même occasion, on s’expose ou non à des sanctions en cas de contrôle.

Commençons par aborder le sujet le plus connu des colombophiles : celui de la vaccination contre la paramyxovirose, également appelée maladie de Newcastle. Je pense que tout le monde est au courant maintenant qu’en Belgique, la vaccination est non seulement obligatoire, mais qu’elle doit être effectuée par un vétérinaire. Ce qui parfois est moins connu, c’est que les autres vaccinations « non obligatoires » par voie sous-cutanée, contre la paratyphose ou contre les poquettes par exemple doivent aussi selon la loi être effectuées par un vétérinaire. Tout simplement parce que la vaccination d’un animal est un « acte vétérinaire ». Et s’il devait être prouvé qu’un colombophile effectuait lui-même une vaccination, il s’exposerait à des sanctions pour « pratique illégale » de la médecine vétérinaire. Le vétérinaire ou le pharmacien qui aurait « vendu » ces vaccins s’exposerait lui à des peines pour avoir « favorisé la pratique illégale de la médecine vétérinaire ». Il serait en plus condamné par l’ordre vétérinaire dans le cadre du respect de la déontologie. Le but ici n’est bien sûr pas de débattre si ces mesures sont bonnes ou non, mais je me répète, juste d’informer tout le monde de ce que dit la loi. Comme on dit, un colombophile averti en vaut deux.

Parlons maintenant des médicaments. Dans ce cadre, il est très important de faire la différence entre des produits de types « compléments alimentaires », c’est-à-dire tous les produits qui peuvent être commercialisés de façon libre, et les « médicaments », qui sont, eux des substances légalement soumises à la prescription d’un vétérinaire. Ils ont pour but de soigner les maladies. Citons par exemple tous les antibiotiques, les traitements contre la trichomonose, la coccidiose, les vermifuges, etc...

Pour ces médicaments, la législation est très stricte. Le colombophile NE PEUT PAS en posséder chez lui… à l’exception d’une quantité restreinte qui est prescrite ou fournie par le vétérinaire pour une durée d’un traitement après diagnostic par celui-ci. Et c’est tout. On peut potentiellement justifier sous le concept de la guidance, et du préventif de laisser au colombophile un peu de traitement anti-trichomonose en plus durant la saison de concours par exemple, avec lequel il pourra effectuer quelques rappels, mais cela ne peut pas aller plus loin.

Si on possède un animal malade (en l’occurrence ici un ou des pigeons), on se rend chez le vétérinaire, qui pose un diagnostic et prescrit un médicament pour la durée du traitement. Voilà ce que nous dit la loi, et elle est à ce point très claire.

A nouveau, les colombophiles qui seraient surpris chez eux avec des médicaments ou les pharmaciens ou vétérinaires qui devraient fournir des médicaments hors des circonstances expliquées plus haut sont passibles de sanctions s’ils sont pris la main dans le sac.

Je sais que pour certains d’entre vous, j’énonce là une information qui coule de source, mais je sais également que je viens de faire tomber de leur chaise certains autres. En effet, qui n’a pas entendu parler de tel ou tel amateur qui distribuait des médicaments à coup de comprimés, ou même à coup de piqûres presque chaque semaine à ses pigeons ? Combien de fois n’a t-on pas lu dans tel ou tel journal colombophile un amateur expliquer qu’il traite régulièrement ses pigeons à base de tel ou tel médicament ? Combien de colombophiles ne sont pas encore persuadé aujourd’hui que sans l’utilisation régulière d’antibiotique, il est impossible de faire un prix ? Et oui, et bien pourtant il faut savoir, que ceci est complètement interdit par la loi et que donc il vaudrait mieux parfois se taire lors de certaines interviews.

A tous les niveaux de médecine humaine, comme vétérinaire, le problème des résistances des bactéries « multi-résistantes » à tous les antibiotiques est devenu un sujet primordial. Là où dans tous les domaines (médecine humaine, médecine bovine, porcine, médecine des volailles,..), on encourage, ou on légifère même pour la limitation drastique de l’utilisation d’antibiotique, en colombophilie certains amateurs continuent à distribuer des antibiotiques à leurs pigeons comme on distribue des bonbons à des enfants. Et parfois même des médicaments venus de l’étranger ou commandés sur internet… (Vous savez d’ailleurs qu’une étude récente vient de démontrer que plus d’un médicament sur deux vendu par internet était un faux ? Cela peut être également intéressant à savoir). C’est la raison pour laquelle faire venir un médicament de l’étranger est complètement interdit par la loi.

Lorsque vous utilisez donc un médicament, il doit donc vous avoir été prescrit par un vétérinaire, et vendu par celui-ci ou par un pharmacien sous ordonnance du vétérinaire. Il doit comporter le nom de tous les composants. Comme déjà dit dans un précédent article, il est interdit de vendre un médicament où vous ne connaitriez pas le contenu précis ; La poudre n°1, les gélules miracles, les poudres secrètes de couleur,… sont bel et bien interdites par la loi, et ce, même si elles viennent de chez un vétérinaire. Vous devez savoir ce que vous administrez à vos pigeons, c’est la loi. Ceci se justifie pour plusieurs raisons : On a déjà discuté du fait que le produit pourrait détenir un produit interdit par le règlement dopage, et que vous n’en seriez même pas au courant. Mais cela va même plus loin, savez-vous que tous les traitements à base de ronidazole, metronidazole, et toutes les molécules de la même famille contre la trichomonose sont complètement interdits pour des animaux qui termineront un jour dans une assiette ? Un vétérinaire qui serait pris à prescrire ces produits à des volailles ou à des bovins pourrait dire au revoir à son droit d’exercer. Quand il vous prescrit ce produit chez un pigeon, il le fait pour un pigeon « de sport », pas pour un pigeon de « chair ». Il doit donc vous prévenir que vos pigeons ne peuvent après cela plus être consommés. Mais si vous ne savez pas ce qui se trouve dans le médicament que vous administrez à vos pigeons, comment pouvez-vous savoir si vous pouvez malgré tout consommer vos pigeons sans risque pour votre santé ?

J’entends souvent dire par des clients, dommage que l’on ait retiré tel ou tel anitibiotique du marché car il fonctionnait bien. Certes, il fonctionnait peut-être très bien, mais on s’est aussi surtout rendu compte pour certains qu’ils pouvaient provoquer des avortements, des bébés malformés,... chez des personnes qui avaient ensuite mangé des animaux traités avec ces antibiotiques. Cela doit tous nous pousser à réfléchir aux priorités que l’on veut se donner. Dernières précisions, en plus de comporter tous les constituants du médicament, il doit également comporter une date de péremption, et le numéro de lot.

L’usage abusif (et presque à chaque fois inutile) d’antibiotique est la principale cause de formation de bactéries résistantes. Une utilisation raisonnée des antibiotiques par chacun est pour le bien de tous. En effet, il devient parfois de plus en plus difficile de trouver un antibiotique efficace pour des pigeons réellement malade parce que certains aiment à distribuer des antibiotiques pour « rien » régulièrement. Méfiez-vous également de certaines personnes qui pourraient vous faire croire qu’il est impossible de faire un prix sans inonder ses pigeons de médicaments en tout genre. N’oubliez pas que chaque fois que vous achetez un médicament, quel qu’il soit, celui qui vous le vend se met de l’argent en poche... A l’inverse, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, et lorsqu’un pigeon ou des pigeons sont malades, bien sûr il est important de les traiter. Néanmoins souvenez vous, un antibiotique n’est JAMAIS préventif. Et au contraire, utiliser un antibiotique chez un pigeon en bonne santé, c’est l’exposer à développer des problèmes.

Voilà, cet article un peu inhabituel n’a pas pour vocation de se montrer plus blanc que le pape comme on dit, il n’a pas non plus pour objectif de distribuer des leçons en se croyant meilleur que d’autres. Mais il a juste pour objectif de rappeler ou d’apprendre à certains d’entre vous ce que dit la loi belge sur les vaccins et les médicaments. Comme dit plus haut, ensuite, qu’on décide de la suivre ou de ne pas la suivre, peu importe, mais on le fait en connaissance de cause. Je me répète dans ce cas mais à nouveau je citerais ce proverbe : « Un colombophile avertit en vaut deux » à bon entendeur… Il faut savoir que les problèmes de santé publique comme les résistances aux antibiotiques sont de plus en plus prises au sérieux par les autorités. Il faudra donc s’attendre à l’avenir à des contrôles de plus en plus fréquents.

Et rappelez-vous que même si cela vous embête, que cela nous embête également nous les vétérinaires praticiens, ces lois et contrôles n’ont pas pour but de « tuer » la colombophilie, mais ont pour but d’éviter les problèmes de santé publique qu’on a trop souvent tendance à oublier lorsqu’il s’agit d’essayer de devenir le champion de son local.

N’hésitez pas à en discuter avec votre vétérinaire, il pourra vous informer également correctement à ce sujet. Et n’oubliez jamais que ce n’est pas votre vétérinaire qui écrit les lois, et qu’il est comme vous juste tenu de les respecter… ou pas, mais également dans ce cas, en connaissance de cause

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