Au sujet des virus... en général
Au sujet des virus... en général
Dr Zsolt Talaber
trad. M.Maindrelle
Les virus sont des pathogènes qui sont plus petits que les bactéries et qui ne peuvent pas être vus sous un microscope optique. Pour les observer directement, nous avons besoin de la puissance de grossissement de centaines de milliers de fois d'un microscope à électrons.
Contrairement aux bactéries, les virus ne sont pas capables de vie indépendante, et ils ne peuvent proliférer par eux-mêmes. Ils ne possèdent pas leur propre métabolisme. Ainsi les antibiotiques n'ont aucun effet sur eux. Pour leur prolifération, ou plus précisément leur multiplication, ils utilisent les cellules du corps hôte qu'ils attaquent, forçant la cellule à mettre fin à ses activités habituelles et l'obligeant à construire les éléments constitutifs du virus dans des quantités énormes. Après multiplication de cette manière et, une fois libérés de la cellule qui est condamnée à la destruction, ils partent à l'attaque de nouvelles cellules et de nouveaux tissus.
Les virus ont tendance à être spécifiques à une espèce, ce qui signifie qu'une souche de virus est seulement capable d'apporter la maladie à des créatures d'une espèce donnée. Le virus de la variole du pigeon ne peut pas infecter les oies, par exemple, tout comme le virus de l'influenza de l'oie est incapable de nuire aux pigeons.
Toutefois, les virus sont capables de changer rapidement; c'est la mutation qui transforme radicalement leurs caractéristiques existantes. Ces grandes mutations, ou plutôt leur manifestation, sont relativement rares, mais leurs conséquences peuvent être extraordinaires. Le paramyxovirus chez les pigeons, qui était inconnu avant les années 1980, est aussi le résultat d'une telle mutation. Le virus de la maladie de Newcastle (virus de la pneumoencéphalite aviaire est aussi un paramyxovirus), dont nous avons longtemps été au courant, a subi une mutation telle qu'il a donné naissance au paramyxovirus des pigeons,et qui présente des propriétés très différentes.
En tant que résultat de la mutation, la composition génétique du virus change dans une certaine mesure et la souche qui se développe à partir de lui a de nouvelles propriétés. Il pourra peut-être infecter une autre espèce animale, ou peut-être restera t-il avec l'ancienne espèce mais alors affichera une capacité beaucoup plus forte à infecter, ou, par exemple, pourra attaquer d'autres organes ou tissus dans l'organisme. De même, le virus peut être « apprivoisé » par un tel changement et causer seulement une maladie ayant un effet moins aggressif qu'auparavant. C'est cette circonstance dont nous profitons lorsque l'on vaccine des pigeons avec des virus pathogènes qui ont été (artificiellement) atténués.
Contrairement aux bactéries, la culture des virus exige un matériel perfectionné et des conditions particulières, tout comme la détection de leur présence dans un organe donné. Toutefois, il est relativement facile et rapide de détecter la présence de l'anticorps spécifique du virus produit par le système immunitaire lorsqu'il rencontre ce virus.
Cependant nous devons prendre deux choses en compte lors de l'évaluation d'un résultat positif de ce genre. Tout d'abord, la détection d'un anticorps nous indique seulement que l'organisme a rencontré le virus à un certain stade, et il n'est pas prouvé que le virus est encore présent dans l'organisme au moment du test. Deuxièmement, le test donne un résultat positif même si le pigeon n'a jamais rencontré l'état sauvage du virus mais, à un moment donné, a été vacciné contre ce virus, c'est à dire qu'il a été vacciné avec un virus atténué ou tué.
Du point de vue du traitement, l'une des distinctions les plus importantes entre les maladies bactériennes et virales est que les antibiotiques (en théorie) ont un effet sur les bactéries, mais pas sur les virus. Autrement dit, les maladies virales ne peuvent être directement influencées par les antibiotiques, et il appartient au système immunitaire de l'organisme de composer avec le virus qui l'attaque. Il existe néanmoins certaines maladies virales pour lesquelles un traitement avec des antibiotiques est souhaitable, mais alors nous ne l'utilisons pas là pour contrôler le virus, mais plutôt pour maîtriser une attaque bactérienne secondaire à l'infection virale.
Par exemple, les antibiotiques n'ont aucun effet direct sur l'adénovirus, toutefois, dans le cas de l'adénovirus de type I qui s'attaque aux jeunes pigeons, un traitement antibiotique ciblé est certainement justifié en cas d'attaque secondaire par la bactérie E. coli, et si nous faisons un bon choix d'antibiotique (amoxicilline par exemple), on peut s'attendre à un bon taux de survie.
Les produits contenant des immunoglobulines (IgG, IgA, IgM) peuvent être très efficaces contre l'adénovirus de type I, et ces produits offrent également un certain niveau de protection contre d'autres virus et d'autres maladies infectieuses. Habituellement, nous administrons des immunoglobulines par injection, mais dans certains cas (par exemple, l'adénovirus de type I), nous pouvons utiliser aussi bien certains produits par la bouche.(Lorsqu'on administre des immunoglobulines, cependant, nous devons être conscients que les vaccins administrés simultanément ou juste après peuvent diminuer l'efficacité de l'un et de l'autre)
Il résulte de ce qui précède que les maladies virales sont capables de causer de graves dommages aux pigeons, et nous devons donc mettre l'accent sur leur prévention. Nous devons nous efforcer de les éliminer ou de les confiner par des vaccinations régulières, une observance stricte des règles pour prévenir les épidémies, et en assurant des conditions optimales d'hygiène.
Dr Zsolt Talaber - Hongrie