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Le coryza, une maladie qui n’existe pas (3eme partie)

Le coryza, une maladie qui n’existe pas (3eme partie)

Vétérinaire colombophile

Nicolas Schoonheere

Bonjour à tous, c’est avec un peu de retard qu’arrive la 3ème partie de cet article. En effet, la saison est également très prenante pour un vétérinaire colombophile et le temps manque durant cette même période pour pouvoir écrire ces quelques lignes. Cette saison a été encore une fois très riche en enseignements au niveau professionnel. Mais le bilan professionnel ainsi que certaines réflexions sur les problèmes de santé des pigeons lors de cette saison fera l’objet d’un prochain article.

Revenons à nos problèmes respiratoires. Vous savez maintenant (si vous n’avez pas oublié le contenu des 2 premiers articles) que l’utilisation du terme coryza dans le jargon vétérinaire n’a plus sa place depuis un certain temps. Vous connaissez également le nom et les caractéristiques des agents qui créent les problèmes respiratoires des pigeons. Il est maintenant temps d’essayer de trouver comment combattre ou mieux éviter ces problèmes.

Et là, je vais directement décevoir certains d’entre vous qui attendaient la recette miracle depuis 3 articles pour éviter tous les problèmes. Car effectivement cette recette n’existe pas. Cela équivaudrait à dire qu’il existe un remède miraculeux pour que vous ou moi ne soyons jamais malades. S’il existait une méthode pour s’assurer que jamais vous n’attrapiez un rhume, une sinusite, une bronchite, la grippe ; et ce depuis que vous êtes bébé, et bien cela se saurait. Pour les pigeons, c’est pareil. Vous pouvez suivre n’importe quelle méthode de firme de produits, ou n’importe quelle méthode ou conseils de n’importe quel vétérinaire, vous pouvez nettoyer et désinfecter votre pigeonnier 3 fois par jour, distribuer toutes les semaines des antibiotiques à vos pigeons, rien de cela ne vous donne à 100% la garantie qu’aucun problème ne surviendra.

Et bien à quoi servent alors les méthodes de soins ? A quoi sert-il alors de nettoyer quotidiennement son pigeonnier ? Nous en reparlerons.

J’imagine 2 réactions possibles à la lecture de ces derniers mots.

- Ceux parmi vous qui penseront : « N’importe quoi, moi cela fait 10 ans que jamais je n’ai eu un problème respiratoire dans mes pigeons grâce à ma méthode. ». C’est vrai, mais ce n’est pas pour cela que le risque que cela n’arrive l’année prochaine est nul. Comme vous ne pouvez pas être certain de ne pas attraper la grippe cet hiver même si vous ne l’avez pas attrapée depuis 10 ans. Mais en tout cas, cela veut dire que vous êtes dans le bon… enfin sauf si votre méthode consiste à distribuer de façon continue ou presque des antibiotiques à vos pigeons durant toute la saison de concours, où dans ce cas, le jour où le problème arrivera, je vous souhaite bien du courage pour le régler (mais on en reparlera). Mais avec cette réflexion, on commence à entrer dans la partie intéressante. En effet, certains colombophiles peuvent se vanter de ne pas avoir eu de problèmes respiratoires dans leurs pigeons depuis plus de 10 ans, alors que d’autres se plaignent de devoir combattre ce fléau chaque année à gros coup de mélanges d’antibiotiques tous plus forts les uns que les autres sous peine d’être incapables de faire un prix. Et parfois même malgré cette solution extrême, les résultats sont décevants.

- Ceux parmi vous qui désespèrent sont prêts à tout abandonner car ils sont persuadés (peut-être à juste titre) que, chaque année, leurs pigeons sont remplis de « coryza » et que bien qu’ils aient essayé tous les produits/médicaments/vétérinaires de Belgique, rien n’y fait.

Cela nous permet d’arriver à une première conclusion. Le risque 0 n’existe pas. Et personne n’est à l’abri. Tout ce que nous pouvons mettre en œuvre au point de vue préventif a pour but de minimiser les risques de maladie. Prétendre pouvoir réduire ces risques à 0 ne serait que de la charlatanerie. Alors oui, on peut estimer que, dans certains colombiers, le risque en début de saison de développer des problèmes respiratoires est très faible, alors que dans d’autres, presque à coup sûr la saison sera parcourue d’embûches. Mais cela implique donc que comme toujours il existe des exceptions. De la même façon que vous pouvez fumer comme un pompier, boire votre casier de Jupiler par jour, manger gras et vivre jusqu’à 90 ans et qu’à l’inverse vous pouvez être sportif non fumeur et anti alcool, et décéder d’un cancer des poumons à 45 ans. Les exceptions arrivent… Et donc un colombophile peu attentif, négligent, pourra réaliser une bonne saison, cela ne sera pas la règle et très vite il sera rattrapé par les problèmes la saison suivante. A l’inverse, d’autres sont présents chaque saison au plus haut niveau avec aussi des exceptions de temps en temps, où ils seront moins bien que d’habitude. Les exceptions ne sont donc pas la règle. Niveau préventif, on parlera donc vous l’aurez compris de « minimiser » les risques et non pas du risque 0. Ensuite, si malheureusement le problème arrive malgré toutes les précautions, on passera donc au « curatif » où il faudra alors repérer LA cause du problème, et la régler. Dans ces cas précis, très souvent, le problème se règle très vite. Tout le contraire du cas où on nous présente des pigeons en consultation mi-juillet, en nous disant que rien ne va depuis le début de la saison (depuis donc 3 mois). Dans ce cas-là, le problème sera TRES difficile à régler à court terme. Et ce même avec le meilleur produit et le meilleur vétérinaire du monde.

Comme déjà analysé dans le 2ème article, les problèmes respiratoires ne sont souvent pas dus à 1seul problème, mais plutôt à un ensemble de problèmes issus de causes différentes qui s’accumulent et profitent les unes les autres des dégâts réalisés par la cause prédisposante. J’en reviens à mon exemple de l’article précédent. Le pigeonnier mal aéré, rempli de poussière, va fragiliser la « muqueuse » respiratoire, ce qui permettra à certains virus de venir créer quelques dégâts supplémentaires, venir agrandir les brèches dans le mur de protection. Brèches dans lesquels s’engouffreront les bactéries et causeront des problèmes encore plus importants. Ce processus est un processus assez classique. Si vous ajoutez à cela une souche de pigeon à immunité très faible (suite à une sélection de plusieurs générations de pigeons constamment sous antibiotiques durant la saison, et chez qui le système immunitaires équivaut à celui d’un malade du SIDA., ou alors dû à certains virus tel le circovirus qui attaque l’immunité du jeune pigeon.), vous obtenez là la recette miracle du parfait développement des problèmes respiratoires chroniques. Dans ce cas, beaucoup d’amateurs, (et de vétérinaires ?), ont pour réaction d’uniquement tenter de régler ce problème en administrant à nouveaux des antibiotiques. Essayons des « autres » antibiotiques, essayons « plus » d’antibiotiques, essayons des « plus fortes doses d’antibiotique ». C’est une technique qui fonctionne parfois… mais jusqu’où ira cette escalade ? Mais c’est une technique qui beaucoup plus souvent, soit échoue, soit fonctionne le temps d’une ou 2 semaines et puis les problèmes réapparaissent. Et bien alors redonnons encore une fois « plus » d’antibiotiques 2 semaines après ? Et encore 2 semaines après ? Si on y réfléchit, que fait-on ? On s’obstine à vouloir traiter uniquement une partie du problème. C’est exactement dans notre exemple comme si on s’obstinait à nettoyer toutes les 2 semaines les brèches du mur de protection naturelle de nos pigeons, plutôt que d’essayer de prendre des mesures pour les refermer.

Bref… comment solutionner ces problèmes ? Je répondrais en essayant de s’en prendre à tous les problèmes. Essayons de les repasser un à un. (Je me contenterai ici d’essayer de donner des solutions, pour savoir pourquoi tel agent crée tel problème, je vous renvoie au volet précédent de cet article.)

1) La poussière

Je vous ai expliqué pourquoi la poussière était le premier ennemi dans notre chaine de problèmes. La solution dans ce cas coule un peu de source et n’est pas neuve. Améliorer l’aération, en évitant les courant d’air. De plus en plus de colombier possèdent maintenant des extracteurs d’air. Ceux ci ne sont pas forcement nécessaire si le pigeonnier a été bien construit mais peuvent fortement aider dans le cas inverse.

2) Les courants d’air

Pas besoin de 10 pages pour vous expliquer pourquoi les courants d’air sont à tout prix à éviter. L