Les pigeons peuvent-ils perdre le sens d'orientation ?
Les pigeons peuvent-ils perdre le sens d'orientation ?
Dr Wim Peters
(Afrique du sud)
© Traduction Martial Maindrelle

Récemment des questions ont été posées s'agissant de savoir si les pigeons pouvaient perdre leur sens d'orientation. C'est une idée intéressante dont la réponse pourrait avoir des conséquences profondes. Laissez-nous passer un peu de temps pour examiner les possibilités. Pour ce faire, nous devons faire marche arrière et revenir au mécanisme de l'orientation, en essayant d'en découvrir un peu plus sur la capacité d'orientation et le concept du retour à domicile.
Tous les pigeons sont nés avec un fort instinct de revenir chez eux. Cette capacité («Homing» en Anglais, littéralement «Retour à la maison» ) est considérée comme la propriété d'être en mesure d'agir avec succès en réaction à cet instinct. Le sport colombophile tout entier s'appuie sur ces deux concepts. Sans cet instinct il n'y aurait pas cette envie de rentrer chez soi et sans cette possibilité de retour il n'y aurait jamais eu de sport colombophile.
L'Homme a mis à profit cet instinct naturel et a cherché à améliorer de plus en plus le fonctionnement des deux concepts. Ils sont naturels, ce qui signifie qu'ils sont sous contrôle génétique, mais les deux sont influencés par les circonstances qui à leur tour, sont contrôlés et modifiés par l'amateur de deux manières qui sont la motivation et la reproduction du savoir-faire.
Motivation
L'instinct de retour au colombier est un état psychologique poussé à un point d'équilibre finement dosé par l'amateur de sorte que le désir du pigeon de rentrer chez lui est très fort mais pas au point où la capacité de répondre avec précision à l'envie pourrait en être négativement affectée. Les mâles voyageurs sont très souvent si désireux de chasser à nid leur femelle que leur capacité normale de «homing» est perturbée - au moins dans une certaine mesure. Ils n'ont plus la «tête froide» et s'ils sont envoyés en concours ils arrivent généralement en retard. Parfois, ils sont même perdus à jamais.
Toutes les méthodes employées par de nombreux amateurs - comme le veuvage des mâles et des femelles, la jalousie, la couvaison, le bêchage des oeufs, etc - sont toutes conçues pour faire croitre cet instinct. Ce sont les facteurs de motivation employés par les colombophiles, qui ont presque tous des techniques ou des moyens spéciaux pour atteindre le succès. Des mouches sont enfermées à l'intérieur d'œufs vides en plastique pour tromper l'oiseau et lui faire croire qu'ils sont prêts à éclore. Des œufs en fin de couvaison peuvent même être échangés avec des oeufs de10 jours pour inciter les parents à rester plus longtemps sur un nid. Les jeunes d'un autre nid sont passés à un pigeon que l'on prévoit d'engager sur un concours. Replacer des oeufs le jour de l'enlogement etc - le nombre de tours de motivation est sans limite.
Que ces techniques fassent réellement une différence est discutable, mais si le sujet «piégé» fait un bon résultat ceci occasionne une grande source de plaisir et un sentiment de fierté chez l'éleveur concerné.
La capacité de revenir au colombier est renforcée par l'ensemble des facteurs importants pour la course entre autre une bonne santé, un colombier efficace, une bonne gestion et un entrainement soit bien absolu, loft efficace, une bonne gestion et un entrainement adéquat.
Toutefois, la question a été posée de savoir si, dans certaines circonstances, les pigeons maintiennent toujours leur capacité d'orientation. En d'autres termes, si les familles de pigeons qui concourent dans que des clubs, des Groupements ou des Fédérations qui sont concentrés dans une petite zone conservent leur capacité de retour au colombier avec autant de succès que ces familles de pigeons qui se font concurrence dans des organisations où les membres sont dispersés et où les oiseaux doivent revenir chez eux sur un plus large rayon?
Capacité de retour au colombier dans UNE famille
Supposons que l'on commence avec une famille séparée en deux groupes, appelons les A et B, à deux endroits totalement différents. Le Groupe A vole dans une région où les colombiers sont tous concentrés - comme dans la plupart des villes - et B où les amateurs sont dispersés un peu partout - comme dans la plupart des groupement en zone de campagne, où les concurrents vivent dans des villes différentes qui peuvent être séparées par de distance de 100 km ou plus. Les deux colombiers sont fermés à savoir qu'aucune nouvelle introduction n'est faite et les reproducteurs sont choisis parmi les voyageurs les plus titrés.
Nous supposons que seuls les multiples vainqueurs sont autorisées dans le colombier de reproduction c'est à dire qu'il n'y aura pas de «suiveurs» parmi les reproducteurs, seulement des leaders. La question se pose comme ceci; Après une vingtaine d'années, est-ce que les individus du groupe A qui, pour beaucoup, ont volé avec succès vers un colombier situé en ville, sont finalement toujours aussi bon sur la capacité de «Homing» que ceux du groupe B où les colombiers des concurrents sont très éloignés les uns des autres.
(Je ne pense pas que nous ayons besoin d'inclure la notion de «Homers reflex» dans ce cadre. Le «Homing Reflex» se produit lorsque, comme technique d'entrainement, les pigeons sont libérés de façons répétées dans la même direction. Finalement ces oiseaux dès leur libération, sans «penser» , c'est à dire sans faire de cercle d'orientation, partent immédiatement de cet endroit toujours dans la même direction. L'idée étant de reproduire ceci le jour des courses pour donner alors un avantage immédiat sur les concurrents. Ceci dit ce «homing reflex» n'est pas complètement «idiot» et celà se manifeste clairement lorsque les oiseaux ne sont pas en santé par davantage de difficultés)
Deux scénarios se déroulent.
1. Habituellement, le nombre des pigeons voyageant dans la ville est bien supérieur à celui de la campagne. Nous savons tous que le vainqueur «campagne» où disons 1000 pigeons sont inscrits, pourrait être aussi bon que le vainqueur «ville» où concourent 10 000 pigeons. Mais dans ce second cas 10 pigeons auraient pu gagner si chacun d'eux avait volé contre seulement 1000 concurrents. Mais dans la grande course un des dix seulement peut être le Vainqueur et nous devons apporter un crédit supplémentaire à ce grand Vainqueur. Ainsi, sur la moyenne, les oiseaux des «villes» apparaissent comme étant la meilleure proposition.
2. Cependant, il semble logique que la capacité d'orientation des pigeons du groupe B qui doivent se séparer assez tôt de la masse lors de chaque concours , est mise à l'épreuve plus fréquemment et plus intensément que les pigeons de la ville qui peuvent rester en groupe assez longtemps puisqu'une centaine de mètres seulement sépare leurs colombiers respectifs. Des tests plus sévères de leurs capacités à s'orienter et à se détacher pourraient laisser supposer, avec confiance, que cela crée un meilleur dépistage des futurs reproducteurs, de sorte que seuls les meilleurs vont au colombier de reproduction, éventuellement pour produire une meilleure descendance. Les pigeons des «campagnes» semblent donc être une meilleure proposition sous cet aspect.